Aucun produit
6000 ans avant Jésus Christ
L'usage du préservatif remonte à plusieurs millénaires. Une statuette égyptienne vieille de 6.000 ans montre déjà un Égyptien muni d'un "étui" anti-contraceptif.
1500 ans avant Jésus Christ
Le roi de Crète Minos aurait utilisé un sachet en vessie de chèvre.
1350-1220 avant J.C.
Au cours de la XIX dynastie (1350 - 1200 avant notre ère) le "préservatif" en lin était destiné à se protéger des maladies.
Le "Deutsche Gesellschaft für Urologie" de 1911 montre une illustration d'un "fourreau Égyptien non contraceptif", utilisé par les chefs de tribu en tant que protection contre les infections, blessures et morsures d'insectes.
Des fresques ornant différents tombeaux du temple de Karnac, bâti au cours de la 19ème dynastie, représentent un homme dont l'extrémité du sexe est recouverte d'un petit capuchon.
Le sexe de certaines momies, toujours en Égypte, était enfermé dans de solides pochons leur assurant protection au royaume des morts.
Il ne s'agissait sans doute pas là de préservatifs mais plutôt d'étuis protecteurs comme en utilisent encore les hommes de certaines tribus primitives pour se garantir des branches épineuses ou d'éventuelles piqûres d'insectes.
Ier Siècle avant J.C.
Les Romains aussi connaissaient une forme de condom, fabriqué à partir d'intestins ou de vessies d'animaux.
L'an 100-200 (Ier et IIème siècle).
La première évidence de l'utilisation du "préservatif " en Europe remonte vers 100-200 de notre ère, sur des peintures pariétales à Lascaux II en France. Un dessin montrerait un homme et une femme faisant l'amour, et où le pénis de l'homme serait "protégé".
Xème Siècle.
L'existence du préservatif se précise autour du Xème siècle de notre ère en Asie. Les Chinois optent pour le papier de soie huilée et les Japonais connaissent sous le nom de Kabuta-gata, des accessoires fabriqués en écailles de tortues ou en cuir que l'on rangeait dans des "boîtes joyeuses". Ces préservatifs pouvaient, grâce à leur rigidité, servir tout aussi bien de godemichés.
XVIème Siècle.
C'est l'anatomiste et chirurgien italien Gabriele Fallopio (ou Gabriel Fallopius), plus connu sous le nom de Gabriel Fallope, né à Modène en 1523, qui est l'inventeur du "fourreau d'étoffe légère, fait sur mesure, pour protéger des maladies vénériennes". Il a aussi conduit des essais sur 1.100 hommes utilisant le préservatif, aucun de ces hommes de Naples n'ayant été infecté par la "carie française" ou syphilis. Jusqu'à sa mort en 1562, ce chirurgien élève de Vesale, occupa à Padoue la chaire d'anatomie et de chirurgie; il fut surnommé l'Esculape de son siècle et fut appelé à soigner Jules II et François 1er. En 1564, la première publication connue concernant la description d'essais d'utilisation de préservatifs prophylactique est publiée sous le nom de "De morbo gallico". Gabriel Fallopius, meurt deux ans avant la publication de son texte.
"De morbo gallico", dans le chapitre consacré à la "préservation contre la carie française" (la syphilis), mentionne à propos de cette invention: "Demum cum coiverit ponat supra glandem et recurrat praeputium", phrase que l'on traduit souvent par "Seulement lorsqu'il aura des rapports, qu'il le place sur le gland et fasse revenir le prépuce".
Mais de nombreux latinistes ont fait remarquer que "coiverit", futur antérieur, ne saurait se traduire que par "aura eu des rapports", et voilà donc notre premier préservatif devenu une simple compresse hygiénique, à utiliser "après coup", comme le futur pro-kit américain.
Quoi qu'il en soit, cette invention baptisée "gant de Vénus" par Shakespeare, peu fiable tant dans son étanchéité que dans son maintien, fut, semble-t-il, rapidement abandonnée et un certain Ranchin, au début du 17ème siècle, préfère donner ces conseils pleins de bon sens :
"Mieux vaut que l'on ne séjourne pas trop longtemps avec une femme gastée et que l'on soit diligent à laver et sécher le membre, car si l'on s'y endort longuement, il n'y a plus de remèdes. Enfin, le membre doit être droit et non pas mol et flasque, pour ce que, autrement, il boit l'infection comme une éponge et tout devient inutile".
XVIIème Siècle, vers 1660.
Une des théories la plus répandue est celle qui dit que l'origine du mot préservatif serait son inventeur Monsieur Condom ou Conton, qui travaillait à la cour du Roi Charles II. Certains prétendent qu'il était médecin, d'autres colonel et que Charles II était tellement ravi de cette invention qu'il le fit Chevalier. Quoique cette histoire soit très drôle, on y attache en général peu de crédibilité.
En France, c'est un roi de France (Louis XIV) qui les utilise dès le XVIIème siècle, malgré une loi qui rend passible de prison le fait de posséder ou de vendre des préservatifs.
Une autre théorie dit que le nom est dérivé du mot latin "condus", qui veut dire "respect".
Ce préservatif, toujours constitué d'un boyau animal, n'est ni confortable, ni très sûr, ce qui fait dire à la Marquise de Sévigné, s'adressant à sa fille la Comtesse de Grignan: "c'est une cuirasse contre le plaisir, une toile d'araignée contre le danger", aphorisme également attribué, un siècle plus tard, dans certains ouvrages, à la baronne de Staël, fille de Necker.
XVIIIème Siècle.
Plusieurs théories circulent quant à l'origine du nom "Condom": La première mention de ce nom ce trouve dans "A Scots answer to a British vision", un poème qui fut probablement écrit par John Hamilton en 1706.
Très vite, de nombreux anonymes se manifestent et, en 1708, le poème "Almonds for parrots" laisse échapper ces quelques mots peu encourageants: "cette heureuse invention (…) éteignait la chaleur du feu de Vénus et préservait la flamme du désir de l'amour."
Tout a commencé, sur le plan commercial, avec la conférence internationale ouverte à Utrecht en 1712 et qui devait aboutir, un an plus tard, à la signature d'un traité mettant fin à la guerre de succession d'Espagne. La ville d'Utrecht, littéralement envahie plusieurs mois par des hommes d'État et de hauts personnages venus d'Espagne, d'Angleterre, de France etc... attira une foule de dames galantes. Venues là pour distraire ces messieurs, elles ouvrirent des maisons ou reçurent les diplomates dans leurs appartements.
Malheureusement, plusieurs d'entre elles avaient apporté, dans leurs bagages, quelques maladies vénériennes. La chose n'étant pas un secret, un artisan eut l'idée de traiter à sa façon le cæcum de mouton, dont les parcheminiers tiraient des pellicules fines et transparentes pour faciliter la cicatrisation des plaies ulcérées et des brûlures. Reprenant un procédé ancien, il utilisa ce cæcum de mouton en lui conservant sa forme de fourreau et en le fermant d'un côté; il obtint ainsi un préservatif. Grâce à lui, on peut alors acheter cet article dans une boutique située à l'angle de Beynijn Hof...
Dès que la conférence fut terminée, tous les diplomates regagnèrent leurs pays et plusieurs personnalités britanniques rapportèrent, en souvenir, quelques spécimens de ces petites cuirasses protectrices.
Des industriels et des hommes d'affaires décidèrent de fabriquer et de mettre en vente, sous le nom de "Condom", ces appareils d'hygiène. "Condom" était une transcription du verbe latin "Condere" qui signifie "cacher ou protéger".
Peu de temps après, en 1717, dans un ouvrage intitulé "Practical dissertation on the venereal disease", le physicien anglais Daniel Turner avance l'idée que "le condom, quoique le meilleur, ne soit pas le seul préservatif que nos libertins aient trouvé jusqu'à présent".
Et Turner d'ajouter que, "en raison des sensations émoussées qu'il provoque, j'en ai entendu quelques-uns reconnaître qu'ils avaient souvent choisi de risquer la chaude-pisse plutôt que d'entrer en lice avec une pique ainsi cuirassée".
En 1725, un français, L.-M. Marie fit un voyage en Angleterre et raconta à son retour en France qu'il avait vu à Londres "deux grandes et belles boutiques dans les rues les plus passantes, fournies de jeunes demoiselles qui s'occupaient ouvertement de la fabrication de ces petits sacs".
En 1736, dans ses "De Morbis venereis", le docteur Jean Astruc parle de ces débauchés qui "...qu'en Angleterre les grands débauchés, ceux qui passent leur vie dans les bras des prostituées, se servent depuis quelque temps de sacs faits d'une membrane très fine et sans couture, en forment de fourreau et qu'on appelle en anglais condum. Ils en recouvrent complètement le pénis avant le coït, afin de se protéger contre les risques d'un combat dont le résultat est toujours douteux. Ils pensent que, ainsi protégés et la pique bien cuirassée, ils peuvent impunément braver le danger des amours banales ". L'auteur semble avoir lu Turner … lui empruntant même sa "pique bien cuirassée".
Une gravure anglaise de 1744 montre des ouvriers préparant des Condoms.
Le préservatif devient de plus en plus connu et est aussi bien loué que ridiculisé dans les poèmes anglais. Le poème le plus important à ce sujet porte le titre "The Machine" et date de 1744, dont une copie se trouve au British Museum: la page de garde montre la production et la vente du préservatif.
En 1750, un colporteur nommé Jardin fut condamné à la relégation après sept mois d'emprisonnement pour avoir été trouvé porteur de "28 Condoms de vessie bordés d'un petit ruban rouge".
En 1776, une certaine Mme Philipps fit paraître à Londres des annonces signalant que sa boutique était toujours pourvue de ces "dispositifs de sécurité qui assuraient la santé de ses clients"...
Le terme "préservatif" apparut dans une réclame discrète en 1780, lorsque la "Maison du Gros Millan" ouvrit ses portes à Paris au 22 de la rue Beaujolais, au Palais-Royal, important centre de prostitution à l'époque. Son prospectus donne les précisions suivantes: "Fabrique de préservatifs de toute sécurité...bandages, suspensoirs, articles d'hygiène... Exportation discrète pour la France et l'étranger".
Le mot "préservatif" fut rapidement remplacé par "Redingote anglaise". On trouve cette appellation dans la première édition de la "Correspondance de Madame Gourdan", publiée de son vivant. Madame Gourdan, dite la "Petite Comtesse" était l'une des plus célèbres tenancières de maison de débauche du XVIIIème siècle et l'on ne s'étonnera pas de lire dans cet ouvrage une lettre que lui adressait un commerçant avisé le 7 avril 1783: "J'ai à votre service, Madame, une eau préservatrice pour les maladies vénériennes etc... et des Redingotes d'Angleterre". Cette fameuse correspondance de la Gourdan n'était en réalité qu'un pamphlet mais le texte de cette fausse lettre prouve que les clients de cette matrone, nobles seigneurs et hauts dignitaires ecclésiastiques, utilisaient volontiers des Condoms qu'ils apelaient "Redingotes d'Angleterre".
Dans ses "Mémoires Secrets", Louis Petit de Bachaumont précise que le 3 octobre 1783, au cours d'un souper galant, l'hôtesse a eu la délicatesse de faire distribuer des "Redingottes d'Angleterre" à ses invités...
Casanova utilisait des préservatifs non seulement pour se protéger des infections mais surtout pour éviter que ses "partenaires" ne tombent enceintes. Il désignait le préservatif de différents noms: "Redingote Anglaise", "Calottes d'assurance". Son plus grand reproche était: "Je dois m'enfermer dans un bout de peau morte pour prouver que je suis bel et bien vivant". Ce serait lui, Giacomo Casanova qui, en 1787, grand consommateur bien évidemment, baptisa ce petit bout de boyau de "capote anglaise"...
Le Marquis de Sade, Casanova et les libertins du XVIIIème siècle se servirent de l'idée comme préservatif antivénérien mais bien vite l'objet passa des "mauvais lieux" et de l'alcôve de l'adultère au lit conjugal où il remplaça le "retrait".
Sade utilise le terme de "Condom" dans le troisième dialogue de la "Philosophie dans le Boudoir": "D'autres obligent leurs fouteurs de se servir d'un petit sac de peau de vessie, vulgairement nommé Condom, dans lequel la semence coule sans risque d'atteindre le but...!".
L'abbé Spallanzani, vers la fin du XVIIIème siècle avait observé que la pose sur les grenouilles mâles de petits caleçons de lin ciré n'empêchait pas l'accouplement mais interdisait toute fécondation. Par contre, l'adjonction aux œufs du fluide mâle contenu dans les caleçons entraînait la fécondation...Il fait lui aussi partie des découvreurs du préservatif masculin.
Il faudra attendre la Révolution française puis les mœurs "faciles" du Directoire pour voir l'utilisation et le commerce du préservatif légalisés. Des boutiques, telle celle d'un certain Gros Millan, autour du Palais-Royal, se spécialisent dans la vente de cet article encore élitiste. Ce commerce, pour lequel les vendeuses étaient entraînées à avoir l'œil juste pour évaluer les tailles afin de ne pas vexer personne, devint rapidement des plus florissantes. C'était l'époque où les longueurs des préservatifs étaient multiples et les hommes souvent vantards. Il fallait savoir discerner le client prétentieux de celui qui, par manque d'assurance, pouvait induire en erreur le marchand, le conduisant à sous-estimer la taille.
Les préoccupatons des révolutionnaires vont orienter le préservatif sur un autre terrain que celui du seul plaisir: le contrôle des naissances préoccupe déjà, la fécondité est en baisse sensible ; Condorcet le confirme en 1793, tout en affirmant que la limitation des naissances sera nécessaire, conséquence de l'augmentation de l'espérance de vie.
Cinq ans plus tard, en Grande-Bretagne, Malthus publie un essai établissant que la population s'accroît plus rapidement que les richesses naturelles. Le malthusianisme prône donc la limitation des naissances, essentiellement par l'abstinence, seule façon à ses yeux d'éviter la misère. Pourtant, à cette époque, le préservatif devient dans de nombreux esprits ouvertement…contraceptif.
Ayant été reconnu utile pour la prévention des infections, ce n'est que plus tard que son utilité contre les grossesses non désirées sera reconnue. plus tard dans le courant du siècle, une amélioration sera apportée au préservatif, lorsque le lin sera trempé dans une solution chimique et ensuite séché avant emploi.
Ce fut les premiers spermicides sur les préservatifs.
XIXème Siècle.
Conçu à partir d'un intestin animal, ce préservatif français d'environ 20 centimètres et datant du début XIX siècle possède un galon de soie lui permettant d'être maintenu sur le sexe. Mais ce qui en fait une pièce historique à part entière demeure la scénette présente sur le préservatif : une religieuse désignant d'un doigt assuré, parmi trois ecclésiastiques en érection, son futur amant, annonce : "Voilà mon choix !"
En membrane animale, les préservatifs pouvaient être réparables. Le texte suivant, datant de 1808, en est la preuve. "Si la membrane travaillée a été légèrement perforée, alors on bouche les trous en collant des lambeaux membraneux dessus et de pareils condoms sont souvent vendus sans garanties. On s'aperçoit de ces reprises à l'éclat particulier de la colle lorsqu'on examine la membrane du côté des retouches à l'intérieur de la capote. L'humidité détache souvent pendant le coït, les pièces collées sur les trous et la membrane même la mieux raccommodée peut alors se déchirer complètement au moment où sont intégrité importe le plus".
Personne n'avait songé à discuter l'étymologie du substantif "Condom" lorsqu'en 1817, le médecin allemand Francois Xavier Swediaur, né en Autriche en 1748, affirma que ce nom de Condom était celui de l'inventeur de l'ustensile, le docteur Condom, médecin anglais du XVIIIème siècle. Ce Docteur Swediaur était célèbre; il était installé à Paris depuis les premiers jours de la Révolution, après avoir travaillé à Londres et publié de nombreux ouvrages en latin, en anglais et en français. Lié avec Danton, il se fit naturaliser français. Spécialiste des maladies vénériennes, son œuvre principale publiée en 1798 est un "Traité complet des maladies syphilitiques".
Voici un extrait de son texte: "Condom : nom d'un Anglais, inventeur de ces petits sacs destinés à préserver contre les suites d'un coït impur et qui ont gardé le nom (…). C'est un nommé Condom qui a inventé les fameuses enveloppes ou gants, connus aujourd'hui en Angleterre par un usage très répandu sous le nom de condoms et à Paris sous celui de redingotes anglaises. Ces petits sacs, qui réunissent à l'avantage de garantir parfaitement bien la partie celui de n'avoir aucune suture, se font avec de l'intestin cæcum des agneaux, lavé, séché et ensuite rendu souple en le frottant avec les mains, avec du son et un peu d'huile d'amandes. Une telle découverte qui, par son utilité, mériterait à son auteur toute la reconnaissance des hommes éclairés, n'a fait que le déshonorer dans l'opinion publique, il a même été obligé de changer de nom…"
Il n'était pas question de refuser la version d'un aussi éminent spécialiste et l'histoire du Docteur condom fut adoptée par les encyclopédistes et auteurs de Dictionnaires: Pierre Larousse, Louis-Nicolas Bescherelle, Emile Littré... On sait aujourd'hui que ce docteur Condom n'a jamais existé ailleurs que dans l'esprit inventif de Swediaur.
Une autre version de l'origine étymologique du condom affirme que cette invention serait le fait des bouchers des abattoirs de la ville de Condom, au cœur du Gers (traversée par la rivière Baïse) qui eurent l'idée, grâce à des morceaux d'intestins d'animaux, de se prémunir contre les maladies vénériennes. Si les abattoirs, et donc les bouchers, étaient particulièrement nombreux dans la région, rien ne permet d'affirmer que ces derniers sont responsables de la découverte du mot ou de l'objet qui s'y rattache.
Le nom condom donné à ses fourreaux serait, en fait, la simple transcription du nom condum, choisi par les Anglais et provenant du verbe latin condere, qui signifie cacher, protéger.
En 1827, au Japon, le préservatif était connu en tant que Kawagata, ou Kyotai et était fabriqué en cuir. À côté de cela les Japonais utilisaient aussi des préservatifs en écaille de tortue ou en corne.
Les noms de "Condom" et "Redingote anglaise" furent dans le langage courant remplacés par "Capote anglaise ", encore employée de nos jours. On le rencontre dès le Second Empire dans le premier vers de l'une des poésies de Théophile Gautier, publiées clandestinement à Bruxelles en 1864, sous le titre de "Parnasse satyrique du XIXème siècle".
Le préservatif de caoutchouc est né lui après l'invention de la vulcanisation par Goodyear en 1839.
En 1843-1844, Goodyear et Hancock commencent la production en masse de préservatifs fait à base de caoutchouc vulcanisé. La vulcanisation est un procédé qui rend le caoutchouc brut en produit élastique très résistant. Les préservatifs en caoutchouc du début du siècle étaient lavables et réutilisables. " … si l'on veut se servir d'un préservatif en caoutchouc à plusieurs reprises, il faut d'abord le choisir plus grand à cause de son rétrécissement et le laver dans une solution de sublimé et l'essuyer à chaque fois que l'on s'en est servi. Après une insufflation d'air pour s'assurer de son intégrité et de sa résistance et pour enlever les plis, on saupoudre le condom à l'aide de lyocopode acheté à la pharmacie ou de talc que l'on se procure chez le marchand de couleur, et après avoir tourné et retourné le condom dans cette poudre, on l'enroule sur deux doigts pour le conserver à l'abri de la lumière, de la chaleur et du froid excessifs. Il faut également préserver le caoutchouc du contact avec les corps gras (huiles, graisses, vaseline, paraffine), l'acide phénique, etc., qui le dissoudraient … " (Lip Tay, ouvrage de 1908 sur la préservation sexuelle).
Un certain Mac Intosh, britannique de son état et spécialisé dans la confection d'imperméables, se met à fabriquer industriellement en 1870 des capotes en caoutchouc appelées "feuilles anglaises". Devant l'ampleur du succès, 80 ouvriers de l'usine s'affairent à confectionner, l'été, des ballons pour enfants et, durant l'hiver, des préservatifs. Un marché porteur, puisque Mac Intosh exporte deux tiers de ses capotes, les meilleures vers la Russie et l'Autriche, et, sans raison apparente, les moins faibles vers l'Espagne, le Portugal, l'Italie et la France.
Vers 1880, le premier préservatif en latex est produit mais il faudrait attendre les années 1930 pour que son utilisation se répande.
Cette "officialisatio" de la capote va donner des ailes à de nombreux opportunistes. C'est ainsi qu'apparaissent, en 1883 sur le marché Petticoat lane, en Angleterre, des boîtes de préservatifs arborant le visage de la Reine Victoria ou celui du Premier ministre Gladstone.
Naissent également, en France cette fois, des réclames pour des "vêtements imperméables à usage intime", au sein de publications légères, voire grivoises.
Ces magazines, aux titres évocateurs, Pour lire à deux, Le magazine de Paris, Le sourire (à ne pas confondre avec une autre revue du même nom, antérieure et humoristique), gardent toujours une colonne libre pour annoncer les nouvelles créations de Excelsior ou de la Librairie de la lune, maisons spécialisées dans l' "hygiène", ainsi que la sortie de leurs nouveaux catalogues de vente par correspondance destinés à ceux qui, trop timides, n'osent aller en pharmacie.
En 1887, cette appellation "Capote anglaise" apparaît dans le "Journal des Goncourt" à propos de Victor Hugo: "Léon Daudet, qui m'accompagne et qui a assisté à l'ouverture de la maison de Hugo, disait que les armoires étaient bondées de "Capotes anglaises" d'un format gigantesque...et que c'était gênant de les faire disparaître en la présence de Madame Charles Hugo...!".
XXème Siècle.
La richesse et la diversité des produits de ces maisons n'ont rien à envier au catalogue de la célèbre et contemporaine Condomerie d'Amsterdam : préservatifs parfumés, aux formes et textures des plus surprenantes, avec réservoir - c'est une nouveauté en 1901 - ou bien rangés sous le double fond d'une honorable boîte de cigares de la Havane. N'oublions pas que ces préservatifs en " caoutchouc soie sans soudure ", qui portent les noms évocateurs de Crocodiles, Le rival protecteur ou Le voluptueux, sont lavables !
N'en déplaise à notre sens de l'hygiène ainsi qu'aux fabricants actuels qui ne cessent de clamer que "le préservatif ne sert qu'une seule fois", la capote de la Belle Epoque était garantie cinq ans ! On n'ose imaginer le moindre service après-vente pour ce type d'ustensile, ni la moindre réaction de clients contestant un vice de fabrication après trois années de tendre complicité.
Ainsi, après avoir été lavé, séché et talqué, à l'aide du Vérifior, "appareil nickelé, extensible, indispensable pour vérifier, sécher et rouler les préservatifs, 12 francs…", le préservatif attendait… la prochaine fois.
Au début du 20ème siècle existait aussi un préservatif féminin "Le Pratique" qui connu un franc succès. Entre-temps disparu pour renaître en 1992 sous le nom de "Femidon".
Ces années 1900 voient la naissance des premiers "bibis chatouilleurs", "porc-épics" et autres capotes aux extrémités fantaisistes. Au même moment, deux sénateurs, Béranger et de Lamarzelle, tentent sans succès, d'interdire la fabrication des préservatifs.
Alors que Littré, dans son Dictionnaire de médecin (1903), attribue toujours le condom à l'imaginaire docteur du même nom, apparaît l'appellation de "préservatif antiseptique" et disparaît l'utilisation du coecum de mouton. Le latex le remplacera, concurrencé un moment par une tentative déposée le 11 octobre 1910 et qui connut son heure de gloire : le fish-bladder.
Il s'agissait d'utiliser, comme preservatif, la poche à air qui permet au poisson de remonter à la surface de l'eau. Unique désagrément, pour lequel d'ailleurs on ne connaît pas d'explication précise, seuls les "fish-bladders" du poisson-chat et de l'esturgeon semblaient pouvoir contenter ceux qui ne souhaitaient pas prendre un risque de paternité. C'est également en ce début de siècle qu'un allemand, Richter, pense avoir trouvé une nouvelle explication au mot condom. Il viendrait, selon ses recherches, du mot perse Kendü (ou Kondü) qui serait un réceptacle, en intestin animal, utilisé par les paysans pour y entasser le blé. Cette proposition, fondée ou non, ne retint guère l'attention.
Une deuxième révolution dans la production de produits en caoutchouc, dont le préservatif, est l'utilisation du latex liquide à la place du caoutchouc. Les techniques de production connaissaient également une évolution grâce à l'automatisation.
Le premier à utiliser ces techniques était British Latex Products qui s'appellerait plus tard London Rubber Company.
Il est à nouveau interdit dans le cadre de la politique nataliste après la première guerre mondiale. Le 27 janvier 1920 est créé, par décret, un ministère de l'Hygiène, d'Assistance et de Prévoyance sociales avec, à sa tête, Jules-Louis Breton, partisan de la reproduction à outrance et créateur de la médaille de la famille française qui récompense les familles, très, nombreuses. L'Angleterre ne semble pas succomber aux diktats de la politique nataliste et les femmes anglo-saxonnes voient dans le préservatif une aubaine, une nouvelle forme de liberté, celle de choisir ou non sa grossesse. Leur argument est de taille : "Plus de femmes meurent durant leur grossesse que dans les mines."
Il connaît en revanche un succès croissant aux Etats-Unis : les GI's en emportent toujours dans leur paquetage. La fabrication des préservatifs n'est pourtant pas admise dans tous les Etats, la firme Youngs crée, en 1926, la marque "Trojan". La société gagne la confiance des drugstores, qui, outre-Atlantique, font office de pharmacie, après que les préservatifs eurents été l'exclusivité des bars, billards et bureaux de tabac. "Trojan" devient une telle institution qu'elle est plagiée dès l'année suivante. C'est ainsi qu'une fausse "Trojan - bas de gamme" est mise sur le marché, ce qui amène un certain C.I. Lee à comparaître pour contrefaçon. Ce dernier se défend en prétextant que le nom " Trojan " n'est pas déposé et rappelle, ironiquement, que la fabrication des préservatifs est illégale dans une partie du pays. Prenant C.I. Lee à son propre jeu, le tribunal le déboute, rappelant qu'il n'y a justement pas de loi fédérale interdisant la fabrication de préservatifs et écarte par là même un décret d'interdiction d'Antony Comstock qui prévoyait des peines de prison à qui ferait la promotion du codom. Nous sommes alors en 1929, la crise économique bat son plein, ce qui n'empêche nullement les premiers distributeurs de préservatifs de voir le jour aux Etats-Unis, alors que le pourcentage de caoutchouc peu fiable présent sur le marché avoisine 50%.
En 1930, la fabrication de latex liquide remplace le caoutchouc crêpe. Aujourd'hui encore, le latex liquide est à la base de la fabrication des préservatifs.
En 1932, une usine de préservatifs Durex, spécialisée dans la technique relativement nouvelle du latex, est construite à Hackney.
Les fabricants se livrent, jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale, à une " guerre des gangs " sans merci, au goût de délation, racket et insultes en tous genres. Cinq cents millions de préservatifs se vendront toutefois, en 1937, sur l'ensemble du territoire américain. Pendant la Seconde Guerre mondial, le caoutchouc venant à manquer, "Youngs" investira 250 000 $ pour tenter, en vain, de réaliser un préservatif en nylon.
La seule usine américaine de caoutchouc venait d'être bombardée à Pearl Harbour par les Japonais. Quatre mois plus tard, la fabrication de préservatif cesse. Pendant ce temps, les combats se poursuivent et les préservatifs font partie intégrante du paquetage des militaires américains, mais aussi allemends. La Grande Guerre avait servi d'exemple. L'impératrice Augusta-Victoria avait alors interdit la capote dans le paquetage militaire contre l'avis pourtant expert du général Von Bissing, et la syphilis avait ainsi désarmé de nombreux combattants. Durant le second conflit mondiale, mode d'emploi et textes sur l'hygiène furent joints aux préservatifs.
L'utilisation la plus étonnante du condom, durant cette période, se fera lors du débarquement américain baptisé "Opération Torch" à Alger, Oran et Casablanca le 8 novembre 1942, et le 6 juin 1944 en Normandie. Couvrant le canon des fusils, le preservatif protège les armes du sable et de l'eau. Comble de la sophistication, cette " fleur au fusil " était le seul et le plus simple élément protecteur qu'il n'était pas obligatoire de retirer pour " tirer un coup " ! Mais ne soyons pas naîfs, les préservatifs avaient tout de même pour vocation de permettre aux soldats d'aller régulièrement "aux putes" avec une capote en pocheou, à défaut, un ensemble "pro-kit ", (coton et chlorure de mercure) à utiliser après coup, "après le coup" comme cela se disait à l'époque.
Les prostituées avaient, elles aussi, tout intérêt à se protéger car, victimes d'une maladie transmissible sexuellement, elles étaient punies, les militaires risquant quant à eux une mise à pied.
Enfin, le préservatif servit aux marins de toutes les mers pour mettre à l'abri de l'eau rations alimentaires, allumettes ou cigarettes. L'idée fut reprise, plus tard, par les passeurs de drogue, appelés " fourmis " dans l'argot des professionnels. L'héroïne est enfermée dans de la cellophane, entourée de chatterton et enfilée dans une capote lubrifiée. L'ensemble séjournera dans l'anus du trafiquant durant son voyage.
En 1950, et essentiellement dans le sud des Etats-Unis, vingt-cinq mille distributeurs automatiques sont installés dans les toilettes publiques ou station-service, remplaçant le plus souvent des distributeurs de lames de rasoir qu'il fallut adapter.
En 1957, le tout premier préservatif lubrifié est lancé au Royaume-Uni.
En 1961, la marque DUREX commercialise le premier préservatif lubrifié.
La France, n’autorise la publicité sur le préservatif qu’en 1987, sous réserve d’obtention d’un visa de la part de l’Agence de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, au même titre qu’un médicament.
Les années 1990, permettent aux nouvelles technologies une amélioration considérable du préservatif et la production de modèles beaucoup plus sophistiqués que ceux que connaissaient nos ancêtres. La dernière nouveauté est l'AVANTI de DUREX, fabriqué à partir d'un type de polyuréthane unique, le DURON, qui est deux fois plus résistant que le latex et permet d'obtenir un film plus fin afin d'augmenter les sensations.
XXIème Siècle.
Actuellement, le seul moyen contraceptif efficace pour l'homme et la femme, reste le préservatif. Mais ce dernier risque bien d'évoluer avec la mise au point en novembre 2000 par Michel Bergeron - Professeur à l'Université de Laval au Québec - d'un gel contraceptif inodore, incolore et imperceptible, protégeant contre les IST et même le virus du Sida. Ce gel, baptisé "préservatif invisible", est composé de deux ingrédients : un gel polymère (liquide à la température extérieure, mais qui se gélifie à température corporelle) combiné d'un germe comme le sulfate de sodium laurylé. Pour l'instant, la méthode testée sur des souris a donné de bons résultats.
L'avenir nous dira si ce gel est applicable à l'homme.
En 2010, le groupe Ansell dégaine une révolution avec une nouvelle matière pour le préservatif masculin: le polyisoprène. Cela a la couleur du latex, c'est extensible comme du latex, mais ce n'est pas du latex.
En 2011, après des années de négociations, des investisseurs qui volent le concept intial, les préservatifs TheyFit sont enfin disponibles en Europe. Ils proposent pas moins de 95 tailles, ce qui est une révolution ! Pour la petite histoire, c'est Marc Pointel, le fondateur du Roi de la Capote, qui a eu l'idée d'introduire en Europe, cette marque de préservatif américaine, inventée par le génial Franck Sadlo.
Le 15 novembre 2013, le Roi de la Capote ouvre enfin la première boutique physique de vente de préservatifs en France, à Paris, du Monde moderne.
En 2016, la consommation des préservatifs en France n'augmente toujours pas avec un ratio de 1.5 préservatif consommé par an et par habitant ! Les Japonais sont toujours les plus gros consommateurs au Monde avec plus de 11 préservatifs utilisés par an et par personne...
Sources:
Besok.com
Marc Pointel, fondateur du Roi de la Capote
Monsieur Denis Goncalves (Collectionneur) Thèmes Collections
A.B.A. SMILE & HEALTH
Wikipédia
Durex
HomoFesty
"La petite histoire du préservatif" par Vincent Vidal